Si vous êtes un habitué de Twitter, il y a de grandes chances pour que vous soyez tombé sur le CV vidéo de Damien Mescudi. En effet, ce jeune garçon de 22 ans a fait le buzz début février en réalisant un mash-up de vidéos Youtube . Grâce à un ingénieux montage, Damien Mescudi a placé des phrases prononcées par des Youtubeurs les unes après les autres pour raconter son propre parcours. Résultat, plus de 5000 retweets pour autant de likes et des articles en pagaille pour parler de ce CV astucieux. Le procédé est drôle et réussi. Finalement, cette vidéo de Damien Mescudi montre le Youtubeur comme un objet de pop culture à part, codifié, caricatural, et dessine les contours de ce que sont devenus les Youtubeurs aujourd’hui.
Un art codifié
Une caméra, une chambre, une personne de face donnant son avis ou racontant son histoire, le procédé est vieux comme Youtube. En près de 10 ans, les codes ont très peu évolué et des millions d’internautes se passionnent toujours pour des vidéos où des jeunes gens assis dans leur chambre parlent de produits de beauté ou de jeux vidéo. Youtube a pleinement conscience de cette codification et joue même la carte à fond avec une vidéo commémorative pour ses 10 ans. On parle aujourd’hui de « Youtubeur », la plateforme vidéo est indissociable de ce phénomène au point d’avoir créé un système économique à part.
Un vrai business
Comme l’explique 1and1 dans son Digital Guide, Youtube monétise les vidéos grâce aux revenus publicitaires. Plus une vidéo est regardée, plus les spectateurs auront vu la publicité qui la précède, ce qui permet à Youtube de gagner de l’argent dont une partie est reversée au Youtubeur. Mais ce système reste assez opaque et il est difficile de savoir combien gagne réellement un Youtubeur. Les plus célèbres d’entre eux passent des contrats directement avec des marques et en font la promotion dans leurs vidéos pour compléter les revenus venant de Youtube. Ces placements de produits sont à la limite de la légalité puisqu’il n’est pas toujours dit clairement qu’il s’agit de publicité. Pour gagner sa vie grâce à Youtube, il faut l’audience la plus large possible, « une course aux vues » qui n’est pas toujours sans conséquence.
Dérapages, haters, le côté obscur de la vie de Youtubeur
Felix Arvid Ulf Kjellberg, mieux connu sous le pseudonyme de PewDiePie, est l’un des Youtubeurs les plus populaires avec près de 53 millions d’abonnés. Pourtant ce suédois de 27 ans est embourbé dans un scandale après la publication de vidéos à caractère antisémites. Dans une course aux vues et avec un humour douteux, PewDiePie a payé, via une plateforme spéciale, deux indiens pour qu’ils se promènent avec une pancarte insultant les juifs. Cette recherche absolue de l’audience peut donc entrainer des dérapages du côté des Youtubeurs mais aussi de leur public, c’est le phénomène bien connu des haters. Une popularité grandissante s’accompagne forcément de haters. Slate revenait récemment sur la hate dont est victime EnjoyPhoenix, la Youtubeuse beauté préférée des jeunes Françaises. Chacune de ses vidéos postées sont accompagnées d’insultes et de commentaires désobligeants, elle a d’ailleurs avoué avoir été victime de dépression.
Les Youtubeurs et leurs vidéos sont devenus une forme d’art à part avec ses propres codes et son propre modèle économique. Néanmoins caricaturés et caricaturales, les Youtubeurs sont aspirés dans une course à l’audience qui entraine parfois des dérapages, de la part des Youtubeurs eux-mêmes ou de leur public. Youtube vient de fêter ses 12 ans et l’âge de raison semble bien loin…
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