Interview de Gael Duval de chez Mandrakesoft
Nous avons décidé de nous intéresser cette fois-ci à Mandrakesoft. Nous tenons donc à remercier Monsieur Gaël Duval de nous avoir accordé un peu de son temps pour cette interview.
– Que reste-t-il, selon vous, à améliorer dans Mandrakelinux ?
Il y a toujours des choses à améliorer, en particulier au niveau du confort et de la simplicité d’utilisation. Maintenant ce serait surtout aux éditeurs de logiciels de se montrer moins frileux et d’oser sortir leurs produits à la fois sous Windows et sous Linux.
– A l’heure actuelle, estimez-vous la transition de Windows vers Linux difficile ? Pourquoi ? Quels sont vos conseils pour bien débuter sous Linux ?
Pour tous ceux qui désirent tester Linux, il y a une version qui s’appelle « Mandrakelinux Move », qui permet d’avoir un système internet/multimedia/office complet uniquement en démarrant la machine sur le CD, sans aucune installation sur la machine. C’est vraiment un bon aperçu de Mandrakelinux, bien plus qu’un CD de démo. Le pack est en vente dans les 20 euros dans les FNAC par exemple. La transition de Windows vers Mandrakelinux n’est pas difficile, moins difficile que du monde MAC vers Windows ou le contraire par exemple.
– De nombreuses personnes se plaignent de la trop faible quantité de jeux portés sous Linux, continuez-vous à insister auprès des éditeurs de jeux vidéos en espérant un futur changement ou avez-vous d’ores et déjà rendu les armes ?
C’est encore une fois aux éditeurs de se montrer moins frileux. Evidemment c’est plus simple et moins coûteux de sortir un jeu uniquement pour Windows puisque ça représente 90% des utilisateurs potentiel actuellement ! Ceci dit, vue la tendance, tous ceux qui ne sont pas en train d’accumuler en ce moment de l’expérience en développement Linux risquent de se retrouver très à la traîne le jour où ça décollera.
– Auparavant, Linux était également pénalisé par le manque de logiciels professionnels spécifiques tels qu’un bon séquenceur, un outil CAD performant… Qu’en est-il maintenant ? Peut-on dire que tous les logiciels professionnels trouvent leur équivalent sous Linux ? Si non quels secteurs font encore défaut ?
On trouve de plus en plus des équivalents Linux aux logiciels professionnels spécifiques, parfois même d’excellents. Là encore, les éditeurs ont tord d’attendre de sortir leurs versions sous Linux car ils voient progresser des projets totalement libres qui à terme vont les dépasser et ils se retrouveront
pour certains en grande difficulté.
– Le MI2G Intelligence Unit, au bout de 3 ans d’études, a affirmé récemment que les serveurs Linux résistaient moins aux attaques des hackers que les serveurs équipés de Windows. Comment expliquez-vous ces résultats plutôt en contradiction avec les idées reçues ?
La question est de savoir qui a payé cette étude. La réalité, les administrateurs système la connaissent bien. Pour notre part, nous sommes capables de sortir une mise à jour de sécurité en moins de 24 heures. Est-ce que Microsoft est capable de faire ça ?
– Il y a quelques mois la firme SCO a fait parler d’elle en affirmant que Linux utilisait du code source dont elle détenait les droits, et en demandant ainsi aux utilisateurs de Linux de leur acheter une licence d’utilisation (en provoquant d’ailleurs la sortie du ver MyDoom, visant à provoquer un déni de service sur leur site web) . Où cette affaire en est-elle actuellement ? Pensez-vous que les éditeurs ou les utilisateurs aient quoi que ce soit à craindre ?
C’est sans doute assez dramatique pour eux de se lancer dans une telle attaque désespérée contre Linux sans avoir fourni pour l’instant le moindre petit morceau de preuve. Et maintenant ils ont tout le monde contre eux, y compris IBM. Il existe des situations plus confortables.
– Comment concevez-vous l’avenir des logiciels libres avec la possible arrivée des brevets logiciels dans l’Union Européenne ?
Michel Rocard vient d’être nommé rapporteur de la commission qui s’occupe de ce point, et c’est une excellente nouvelle. Je tiens à souligner néanmoins que les brevets logiciels sont un problème pour tous les petits et moyens éditeurs de logiciel libre ou… propriétaire. Ce sont les plus gros éditeurs qui sont intéressés : ils utilisent chacun des brevets d’autres gros éditeurs et ont des accords pour ne pas s’attaquer entre eux, ce qui les protège totalement la plupart du temps. Par contre, que peut faire une SARL qui crée des logiciels si un gros décide un jour de porter plainte contre elle car elle utilise le doubleclick ? Elle paye, dans le meilleur des cas.
– Et pour conclure sur une note plus légère, sans vous faire l’affront d’un « plutôt Linux ou plutôt Windows », vous êtes plutôt Gnome ou plutôt KDE ?
A titre personnel j’ai été un supporter de KDE de la première heure (fin 97). J’ai aussi eu ma période GNOME vers 2001, mais j’ai tendance à revenir à KDE, malgré certains défauts que je lui trouve. Avant j’utilisais Afterstep et FVWM. Mais c’est une polémique assez dépassée, et Mandrakesoft soutient les deux projets sans préférence.
Merci à M. Gaël DUVAL de nous avoir accordé cette interview.
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